La délicatesse, la moralité et la précision dans l’art, Étude de psychologie esthétique
EAN13
9782381119571
Éditeur
Editions Homme et Litterature
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La délicatesse, la moralité et la précision dans l’art

Étude de psychologie esthétique

Editions Homme et Litterature

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782381119571
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Ce livre regroupe des études de psychologie esthétique, sur la délicatesse, la
moralité et la précision dans l’art.

Aujourd’hui il n’y a plus dans l’art de lois universellement reconnues. Il
n’est plus de critique fondée sur des principes, ou du moins les principes
hasardés par les uns sont dédaigneusement rejetés par les autres. Les lecteurs
et les spectateurs, dans un théâtre ou dans un musée, peuvent bien dire qu’une
chose leur plaît ou leur déplaît (encore ne le savent-ils pas toujours), mais
chacun juge selon sa fantaisie du moment et n’essaie même pas de se rendre
compte de cette fantaisie, faute de pouvoir recourir à un principe quelconque.
On a le plus souvent peur de se prononcer. De là tous ces jugements évasifs
qui courent le monde, tels que ceux-ci : « C’est assez joli, cela n’est pas
mal », jugements qui n’affirment rien, qui ne nient rien, qui n’engagent pas
et qui permettent de reculer décemment, de se replier devant une opinion
contraire. Dans cette incertitude et ce scepticisme, on en arrive à une
indifférence qui décide au hasard qu’une chose est belle ou qu’elle ne l’est
pas. Puisqu’il n’est plus de loi imposée et reconnue comme jadis, ne serait-il
pas possible, ainsi qu’on a fait souvent en morale, de se faire soi-même une
loi et, en s’interrogeant, en observant ce qui nous surprend et nous charme
dans tous les arts, de découvrir nous-mêmes un certain nombre de règles ou de
conditions nécessaires ?...

Puisqu’il nous faut, dans cette étude de psychologie esthétique, nous mettre
au-dessus du dédain qui s’attache aujourd’hui à de semblables remarques,
allons plus loin et osons montrer que, chez Racine, les choses en apparence
les plus insignifiantes ont du prix par la justesse précise de l’observation
morale. Le public ne sait plus, parce qu’il n’a plus le temps d’y regarder de
si près, jusqu’où va sur ce point l’attention de notre poète. Ainsi, lorsque
dans un récit un personnage appelle son interlocuteur par son nom, ce qui est
fort ordinaire dans la tragédie comme dans la conversation, ce nom jeté dans
le vers et qui ne semble destiné qu’à le remplir, est au contraire chez Racine
un trait de sentiment, et on regretterait qu’il n’y fût pas.
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