Le plus beau métier du monde

Le milieu des lettres lui prête tous les pouvoirs : elle peut faire ou défaire
les carrières, inventer les auteurs, découvrir les talents. On parle d'elle
comme d'une prêtresse ou d'une diva. Au fil des années, Françoise Verny s'est
taillée une réputation à la mesure des paradoxes de son personnage, elle qui -
dans sa jeunesse - a conjugué le militantisme communiste, et une foi
catholique fervente. On la redoute. On l'aime passionnément. Elle fascine.
Elle inquiète. Elle a tout connu, tout fait, ou presque. Côtoyé les monstres
sacrés d'hier : François Mauriac, André Malraux, Louis Aragon, Simone de
Beauvoir, Maurice Clavel. Accouché les célébrités d'aujourd'hui : Françoise
Sagan, Lucien Bodard, Françoise Mallet-Joris, Bernard-Henri Lévy, André
Glucksmann, François de Closets, Yann Queffelec, Alexandre Jardin... Elle a
participé aux grandes manœuvres des "Prix". Lancé la "nouvelle philosophie".
Nul ne maîtrise mieux qu'elle les rouages de la réussite, les arcanes d'un
monde magique et mystérieux, où les affres de la création se marient sans
cesse aux faiblesses humaines. Vingt-cinq ans de vie intellectuelle française
défilent à travers les pages de ces Mémoires. Un univers décrit avec tendresse
et fermeté. Où le portrait acéré, côtoie l'anecdote savoureuse. Du comité de
lecture de Grasset, à celui de Gallimard, des soirées chaleureuses autour d'un
prix Goncourt, aux relations glacées avec Simone de Beauvoir, se découvrent
les coulisses de la comédie littéraire. L'édition, le plus beau métier du
monde, est peut-être le dernier refuge du rêve.