L’ombre d’un doute, Le cinéma américain contemporain et ses trompe-l’œil
EAN13
9782753561656
Éditeur
Presses universitaires de Rennes
Date de publication
Collection
Spectaculaire | Cinéma
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L’ombre d’un doute

Le cinéma américain contemporain et ses trompe-l’œil

Presses universitaires de Rennes

Spectaculaire | Cinéma

Livre numérique

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Nombre de films contemporains – aux rangs desquels on compte aussi bien des «
auteurs indépendants » que des réalisateurs de blockbusters – jouent sur la
perméabilité des frontières entre la réalité et l’illusion en construisant des
pièges perceptifs qu’il conviendrait de nommer des trompe-l’œil
cinématographiques : un renversement des apparences révèle au spectateur que
ce qu’il croyait relever de la réalité du film n’était qu’imaginaire ou
fantasmatique, le produit d’un rêve ou d’une folie. Si le procédé est nouveau,
ce n’est certes pas en ce que le leurre serait étranger à la tradition
cinématographique : le cinéma américain regorge de personnages abusés. Ce
classique renversement des apparences prendrait cependant une figure nouvelle
en transposant sur le plan visuel cet enjeu narratif et en s’adressant
désormais moins au personnage qu’au spectateur. Le film ne se contenterait
plus d’être le récit d’une duperie ou d’un complot reposant sur la part
d’ignorance à laquelle le héros, comme toute subjectivité, est condamné, mais
il y aurait dans ces nouveaux trompe-l’œil comme une démonstration par l’effet
qui implique notre rapport à l’image et à ses puissances. Le film, comme le
texte, est selon le mot d’Umberto Eco une « machine présuppositionnelle » : sa
mécanique inclut son sort interprétatif. Si tous les films reposent donc sur
une stratégie qui implique d’anticiper les attentes du spectateur, les
trompe-l’œil cinématographiques formulent plus explicitement que les autres sa
place et ses croyances. Ils sont en cela analogues à un regard-caméra : le
moment de la désillusion est celui où le film se tourne vers le spectateur et
indique le lieu où il le situe. Ce que nous révèle un cinéma du trompe-l’œil,
c’est d’abord la manière dont il nous voit. Ainsi, à rebours de leur apparence
critique ou de leur volonté de divertir, ces films tiennent un discours fondé
paradoxalement sur la valeur du réel. Conformément à l’effet pervers d’un
doute insuffisamment radical, les trompe-l’œil cinématographiques ne dessinent
plus des mondes imaginaires qui s’opposent à la réalité et conduisent à sa
réévaluation, mais fondent au contraire leurs mondes fictionnels sur
l’autorité du réel qu’ils désignent tout à la fois comme idéal et comme norme.
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