Vers une décélération généralisée: ébauche de marche à suivre, Printemps-été 2018
EAN13
9782897593643
Éditeur
Atelier 10
Date de publication
Collection
Nouveau Projet
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Vers une décélération généralisée: ébauche de marche à suivre

Printemps-été 2018

Atelier 10

Nouveau Projet

Livre numérique

  • Vers une décélération généralisée: ébauche de marche à suivre

    Aide EAN13 : 9782897593643
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    1.99
La précipitation du rythme de nos vies n’est pas qu’une impression subjective.
Le philosophe Hartmut Rosa (Accélération: une critique sociale du temps, La
Découverte) explique que les sociétés de la modernité tardive sont le théâtre
d’une accélération objective et généralisée. Bien sûr, les heures ou les
semaines ne s’écoulent pas objectivement plus vite. Mais le nombre d’«épisodes
d’action» par unité de temps, lui, augmente. Ainsi, le temps se densifie, et
le rythme de la vie sociale s’accélère bel et bien. Ce mouvement, pour Rosa,
est à mettre en lien avec les mécanismes de valorisation du temps: l’idée que
«le temps, c’est de l’argent» nous pousse à rechercher sans cesse de nouvelles
technologies qui permettent de produire plus vite. Les progrès réalisés à ce
chapitre forcent les individus à s’adapter constamment pour continuer à tirer
leur épingle du jeu, ce qui accroit d’autant le rythme de vie, mais aussi la
cadence du changement social. Pour résumer trivialement: plus ça change, plus
ça change. Oui, les nouvelles technologies ont réduit la durée requise pour
effectuer bon nombre d’opérations. Le temps de travail (rémunéré) a également
diminué, par rapport au début du siècle dernier. Mais les injonctions pour
accomplir un nombre de tâches toujours plus grand annulent les bénéfices.
Voici donc venu le règne du multitâche et du décloisonnement des impératifs
temporels. On ne se contente plus, par exemple, de se donner rendez-vous à une
heure et un lieu donnés; s’ajoutent des promesses comme: je t’enverrai un
courriel ou un texte à tel moment, pour t’aviser de ceci ou cela. On
démultiplie les engagements à communiquer—on les superpose, même. Qui n’a
jamais envoyé un courriel pendant un autre rendez- vous? Il est par ailleurs
si facile de «rester en contact», de télétravailler et de rester près de son
iPhone «au cas où», qu’il faut avoir une fichue de bonne raison pour se
déclarer véritablement indisponible. Tout le temps dont on dispose peut être
employé à opérer, à produire, à optimiser la vitesse d’atteinte d’un objectif.
Et alors même qu’il devient de plus en plus difficile de souffler, il faut,
pour suivre le tempo de la vie sociale, consulter les nouvelles 12 fois par
jour, découvrir les tendances qui se renouvèlent aussitôt, se gaver de
contenus culturels éphémères… Certes, on ne passe plus 14 heures par jour au
travail, mais qui oserait dire que les heures gagnées à cette plage horaire
ont été réellement libérées? Les avancées technologiques qui accélèrent le
rythme de la production nous ont-elles restitué du temps, ou l’ont-elles au
contraire aliéné par deux fois?
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