Tangence. No. 132, 2023, Dramaturgies des plantes
EAN13
9782925015338
Éditeur
Tangence
Date de publication
Collection
Tangence
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Tangence. No. 132, 2023

Dramaturgies des plantes

Tangence

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Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782925015338
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    6.49
Ce dossier entend explorer comment les scènes de théâtre contemporaines
composent avec les plantes, à une époque qu’on pourrait considérer comme
rattachée à la seconde redécouverte du vivant végétal. Au début du xxe siècle,
les populations occidentales redécouvraient une première fois les plantes
comme êtres vivants : les biologistes observaient les phénomènes de
respiration et de photosynthèse, des photos prises tout au long des journées
capturaient le mouvement de croissance des fleurs, des images micro-
cellulaires étaient diffusées au grand public. Sir Jagadis Bose entreprenait
même « de lire les plantes » grâce à des capteurs articulés aux vibrations de
leur tige ou aux impulsions électriques. Il est troublant de constater que ce
vaste mouvement de redécouverte de vie dans le végétal, qui a inspiré de
nombreuses oeuvres notamment en peinture et en danse, a accompagné le
déploiement des connaissances biologiques au cours du xxe siècle, sans freiner
ce qu’Emanuele Coccia, avec Iain Hamilton Grant, dénomme le physiocide : «
meurtre de la nature » par les philosophes, et plus largement par la culture –
l’étude et la contemplation de la nature n’étant plus, à compter du xixe
siècle, considérées comme dignes d’intérêt par les sciences humaines et se
trouvant reléguées aux diverses sciences biologiques. Ce physiocide, fort
d’une méconnaissance radicale des espèces et de leurs qualités de vie, serait
une sorte de manifestation ultime de la pensée dualiste opposant
nature/culture, notamment redevable, selon Philippe Descola, à la malheureuse
proposition cartésienne appelant les hommes à se rendre « maîtres et
possesseurs de la nature ». La pensée occidentale moderne, alors fondée sur la
différence ontologique entre nature et culture, s’est ensuite étendue avec le
colonialisme, en promouvant sur toute la planète la libre exploitation des
ressources dites naturelles. Alors que l’Anthropocène est communément daté de
l’ère de la révolution industrielle, Anna Löwenhaupt Tsing préfère, quant à
elle, dater la scission d’avec l’Holocène au moment de la colonisation. Elle
préconise le terme de Plantationocène, en référence à l’essor des grandes
plantations. Force a été de constater depuis l’efficacité de cette
objectivation du végétal, qui a abouti in fine à diviser par deux « la
biomasse végétale totale […] par rapport à sa valeur avant le début de la
civilisation humaine ».
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