- EAN13
- 9782402096737
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (H. Laporte)
- Date de publication
- 1990
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
Quelle ivresse vais-je éprouver à tuer posément un pauvre bougre déjà à moitié
mort ? Disons-le carrément, de la honte. Donner la mort ne peut se justifier
que dans la violence de l’action. En dehors de cela toute exécution froidement
perpétrée prend la forme d’un assassinat. Mais ce mot ne convient même pas, il
a une résonance trop individuelle. Lorsqu’on fait la guerre, on détruit, on
élimine, on gagne ou on perd. Qui parle de tuer là-dedans ? Tout se passe dans
l’abstraction, les hommes n’ont plus de visages, on ne regarde que le fusil
qu’ils ont dans les mains. La guerre n’a pas de morale : elle n’a que des
objectifs. C’est avec étonnement que l’on découvre, après, qu’elle a été faite
contre des êtres vivants qui ont versé un sang chaud, connu une souffrance
humaine, pleuré des larmes véritables. Après seulement. Mais l’Histoire est
amorale, elle n’a pas de conscience, voilà la grande leçon. Le drame, c’est
que, faite par des hommes, elle n’a jamais eu le sens de l’humain. L’individu
n’a grâce à ses yeux que s’il est un monstre ou un génie glacé. Napoléon sera
toujours préféré à Saint-François d’Assise pour cette raison.
mort ? Disons-le carrément, de la honte. Donner la mort ne peut se justifier
que dans la violence de l’action. En dehors de cela toute exécution froidement
perpétrée prend la forme d’un assassinat. Mais ce mot ne convient même pas, il
a une résonance trop individuelle. Lorsqu’on fait la guerre, on détruit, on
élimine, on gagne ou on perd. Qui parle de tuer là-dedans ? Tout se passe dans
l’abstraction, les hommes n’ont plus de visages, on ne regarde que le fusil
qu’ils ont dans les mains. La guerre n’a pas de morale : elle n’a que des
objectifs. C’est avec étonnement que l’on découvre, après, qu’elle a été faite
contre des êtres vivants qui ont versé un sang chaud, connu une souffrance
humaine, pleuré des larmes véritables. Après seulement. Mais l’Histoire est
amorale, elle n’a pas de conscience, voilà la grande leçon. Le drame, c’est
que, faite par des hommes, elle n’a jamais eu le sens de l’humain. L’individu
n’a grâce à ses yeux que s’il est un monstre ou un génie glacé. Napoléon sera
toujours préféré à Saint-François d’Assise pour cette raison.
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