- EAN13
- 9782402169295
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (Albin Michel)
- Date de publication
- 1977
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
Un jour, j’ai été terrassé par un accès de fièvre d’une violence
extraordinaire : j’étais assis à ma table de travail ; soudain, ma tête s’est
alourdie et j’ai dû quitter mon bureau. Après avoir grelotté pendant deux
heures, j’ai commencé à transpirer d’une manière effrayante. En réalité, je me
liquéfiais. J’ai fondu de quinze kilos en cinq jours et cinq nuits. Les
médecins se déclaraient impuissants. À cette époque, on ne connaissait pas
encore les antibiotiques efficaces. Aucune souffrance physique n’accompagnait
ces phénomènes. Mais je me rendais bien compte que j’allais mourir. Comme
j’étais jeune encore, je ressentis une profonde révolte en moi contre le
Destin et contre la Mort. Dans la nuit où je crus que ma dernière heure était
venue, j’ai revécu ma vie, ou plutôt ce que j’imaginais avoir été mon
existence. Spectacle étrange : il me semblait que je me dédoublais ; je me
regardais finir. C’est cette farce tragique que j’ai transcrite dans Les
Bobines. Qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’un cauchemar, d’une chose
inventée, d’une fiction ! J’ai vu et entendu ; j’ai suivi ces acteurs qui
jouaient ma vie et ma mort, et j’étais parmi eux. Aussi vrai que je vous le
dis. Maurice TOESCA
extraordinaire : j’étais assis à ma table de travail ; soudain, ma tête s’est
alourdie et j’ai dû quitter mon bureau. Après avoir grelotté pendant deux
heures, j’ai commencé à transpirer d’une manière effrayante. En réalité, je me
liquéfiais. J’ai fondu de quinze kilos en cinq jours et cinq nuits. Les
médecins se déclaraient impuissants. À cette époque, on ne connaissait pas
encore les antibiotiques efficaces. Aucune souffrance physique n’accompagnait
ces phénomènes. Mais je me rendais bien compte que j’allais mourir. Comme
j’étais jeune encore, je ressentis une profonde révolte en moi contre le
Destin et contre la Mort. Dans la nuit où je crus que ma dernière heure était
venue, j’ai revécu ma vie, ou plutôt ce que j’imaginais avoir été mon
existence. Spectacle étrange : il me semblait que je me dédoublais ; je me
regardais finir. C’est cette farce tragique que j’ai transcrite dans Les
Bobines. Qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’un cauchemar, d’une chose
inventée, d’une fiction ! J’ai vu et entendu ; j’ai suivi ces acteurs qui
jouaient ma vie et ma mort, et j’étais parmi eux. Aussi vrai que je vous le
dis. Maurice TOESCA
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