Oracle T05
La Veuve
5
Dessins de Erwan Seure Le-Bihan, Le Bihan
Scénario de Stéphane Betbeder
Soleil
Chronique
Après avoir mis en scène Odin, le seigneur d’Asgard dans un diptyque flamboyant paru chez Soleil entre 2010 et 2012, Erwan Seure-Le Bihan participe à la nouvelle série de la maison d’édition, Oracle.
Chaque album est confié à un dessinateur qui se confronte à l’univers imposé: la Grèce antique et ses dieux. Dans ce tome 5, paru en janvier, les récits imaginés par Stéphane Betbeder s’imbriquent et Erwan Seure-Le Bihan, par un trait précis et dynamique, donne vie à différents destins.
C’est d’abord Homère, le poète aveugle qui ouvre l’album en un prologue sombre. Le travail des couleurs d’Élodie Jacquemoire accentue l’atmosphère froide de ce lieu de désolation. Mais l’histoire n’a pas encore réellement débuté, il faut écouter la gardienne du temple d’Héra pour connaître le sort de Galatée, jeune mortelle victime de sa beauté et jouet de Zeus. Le sujet principal de l’intrigue est, comme dans les albums précédents, la vengeance; non pas celle de Galatée qui préfère se donner la mort mais celle de Cydippe qui voit mourir les siens.
Confidente de Galatée, elle assiste à la colère de Zeus qui préfère détruire une cité que d’affronter la colère d’Héra. Ainsi, les flots soulevés par Poséidon emportent tout en une double page dans laquelle le dieu domine la mer en furie armé de son trident, alors que les hommes disparaissent déjà à droite de la planche, fragiles esquisses que l’on aperçoit sur le crayonné d’Erwan Seure-Le Bihan.
Galatée, d’abord spectatrice impuissante de cette destruction qui emporte sa famille, en appelle alors à la vengeance et défie Zeus en personne. Elle est la véritable héroïne du récit et entraîne le lecteur à sa suite. Il faudra franchir le Styx au côté de Polyphème, traverser le pays des morts et atteindre le Tartare, lieu profond des enfers qui dans l’album se teinte d’une couleur rouge intense, celle de la lave et du feu.
Comme dans tout conte, notre héroïne dispose de trois objets magiques donnés par Zeus lors d’un pacte dont il sera difficile de sortir libre et victorieuse. Ce dieu vengeur et jaloux était déjà présent dans le tome 3 de la série dessiné par Gwendal Lemercier, Le petit roi, et c’était alors Léandre, artiste de talent, qui l’implorait.
Véro.
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Chronique
Initiée en 2008 par le génial Garth Ennis (Preacher, The Boys…), la série comporte aujourd’hui plus de 150 épisodes et se découpe en plusieurs parties :
Crossed : 10 épisodes
Crossed – Valeurs familiales (Family values) : 7 épisodes
Crossed – Psychopathe (Psychopath) : 7 épisodes
Crossed – Terres maudites (Badlands) : 56 épisodes à ce jour
Crossed – Si tu voyais ça (Wish You Were Here) : épisodes issus du webcomic disponible ici, 84 épisodes à ce jour
Il existe également une web-série intitulée Crossed – Dead or alive, en cours de financement participatif.
La population mondiale est touchée par une infection inconnue ayant pour effet d’exacerber les instincts primitifs. Pour être clair, se nourrir et se reproduire. Dépourvus de tout sens moral, d’empathie et de pudeur, les infectés, reconnaissables au stigmate en forme de croix sur le visage, laissent libre cours à leurs pulsions. Le programme des réjouissances : meurtres, mutilations, viols, cannibalisme, …
Au fil des épisodes, nous allons suivre plusieurs rescapés qui vont tant bien que mal tenter d’échapper aux hordes d’infectés. Rien de bien original et le parallèle avec Walking Dead est facile à faire. Deux différences notables toutefois: l’infection se propage grâce aux fluides corporels et les histoires sont courtes. Rien ne sert de s’attacher aux personnages, ils ne feront probablement pas long feu dans ce chaos.
Si vous arrivez malgré tout à faire abstraction des litres d’hémoglobine, des membres arrachés et de toutes les horreurs que la décence m’oblige à taire, vous vous apercevrez que les scénarios sont également très travaillés et que l’aspect psychologique est prépondérant.
Après 6 années d’existence, cette série souvent décriée continue malgré tout son petit bonhomme de chemin. Je ne sais pas si on peut franchement parler de succès éditorial mais la série a au moins le mérite de faire parler d’elle, en bien comme en mal. Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture qui, à l’instar de la série tv Dexter, vous rendra forcément mal à l’aise.
Néness.
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Chronique
Côté comics en janvier, c’est encore un peu Noël.
Une œuvre emblématique du formidable scénariste Garth Ennis nous revient, éditée cette fois-ci par Urban Comics.
L’union d’un archange et d’une démone a donné naissance à Genesis, une entité ayant connaissance des secrets du paradis et de l’enfer. Suite à cet événement, Dieu préfèrera démissionner.
Emprisonné jusque-là sous la garde des Adéphins, Genesis parvient à s’échapper. Son but: s’unir à l’esprit d’un mortel afin d’élever sa conscience.
Jesse Custer est pasteur dans la petite bourgade d’Annville. Son lourd passé et son penchant pour l’alcool l’incitent souvent à douter et remettre en question sa foi.
Le dimanche suivant une soirée bien arrosée, alors qu’il officie, Genesis pénètre son corps. S’en suit une explosion soufflant l’église et l’intégralité des occupants…
Au même moment, Tulip O’Hare arrive à Annville en compagnie de Cassidy dont elle a croisé la route en tentant d’échapper à la mafia. Dans leur fuite, Cassidy a pris une balle en pleine tête sans broncher et s’est simplement couché à l’arrière du pick-up, enroulé dans une bâche.
Alertée par l’explosion, Tulip découvre dans les décombres le corps inerte du révérend Jesse Custer. Il est indemne !
Il se trouve qu’à une autre époque, Jesse et Tulip ont connu une relation passionnée. Mais les explications attendront car le shérif et les secours arrivent déjà sur place.
Cernés par les forces de l’ordre, Jesse, sans en avoir pleinement conscience, utilise la voix de Dieu, lui permettant de plier n’importe qui à sa volonté. Ils profitent alors de cette confusion pour prendre la fuite.
Mais une autre menace rôde, le Saint des Tueurs est à leur poursuite…
Publiée à l’origine par Vertigo entre 1995 et 2000, la série Preacher compte 66 épisodes. Ce premier recueil en regroupe les 12 premiers, l’ensemble devant être publié en 6 albums.
La série a connu bien des déboires en France : une parution avortée chez Vertigo, une rupture de stock et pas de réimpression chez Panini… Les éditeurs ont mis notre patience à mal !
Mais je dois avouer que ça valait le coup, le travail d’Urban Comics est une merveille et rend hommage à ce monument du comics.
Violence, blasphèmes, sexe, humour noir et absence de censure, bref un achat indispensable !
Néness.
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Alexandre, l'épopée
Alexandre - L'épopée - Tome 01
Un roi vient de mourir
T.1
Dessins de Gildas Java
De David Chauvel, Michaël Le Galli
Glénat BD
Chronique
A la mort de Philippe II, roi de Macédoine assassiné en 336 av. J-C, son jeune fils Alexandre prend le pouvoir sans sourciller. Il va commencer par s’assurer de l’allégeance des cités grecques tout en prenant soin d’éliminer tout rival potentiel à Pella, capitale de son royaume. Après avoir pacifié les frontières de celui-ci, il reprendra le projet fou de son père en se tournant vers l’Orient et l’immense empire qu’il rêve de conquérir: la Perse de Darius III.
Autour de cette trame historique bien connue, David Chauvel et Michaël Le Galli ont imaginé des intrigues dont ce premier tome nous présente les protagonistes. On fait ainsi connaissance de Pyrrhus et Eurydice, enfants d’un héros de Chéronée, cherchant chacun à leur manière à séduire Alexandre pour recouvrer leur rang et leur fortune confisquée par un opportuniste prêt à tout pour la conserver, Amphion. On découvre également Karanos, fougueux soldat, amoureux fou d’une prostituée, Apamée, qu’il arrache à son bordel en lui promettant rien moins que le trésor caché d’un ancien souverain perse !
Pour mettre en images un tel récit mêlant grande histoire et fiction, si riche en potentialités dramatiques, il fallait un dessinateur de grand talent. Gildas Java en est un, incontestablement. La précision de son trait s’accommode fort bien du souci constant du détail et rend à merveille les gestes et expressions des nombreux personnages, tandis que le choix des angles de vue et le travail des couleurs produisent des planches réellement spectaculaires (à ce propos, l’image choisie pour illustrer la couverture recto-verso ne trompe pas sur la « marchandise »), les scènes de batailles ou de sacrifices rituels notamment.
Plus de vingt-trois siècles après les faits, l’épopée d’Alexandre continue à faire couler l’encre et à générer moult images. On se souvient du film d’Oliver Stone, et plus récemment du beau roman de Laurent Gaudé, Pour seul cortège. Ce premier tome lance un péplum graphique de haute tenue qui apporte une nouvelle pierre à l’édifice mythique.
Malo.
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Chronique
Fuir à travers le bayou, tendre les bras vers le vide et plonger pour échapper aux chiens et aux hommes… Les premières planches du nouvel album de Réné Follet et de Pascal Bresson qui collaborent à nouveau (après l’Affaire Dominici en 2010), s’ouvrent sur le regard terrifié d’un homme traqué par des fantômes blancs.
Nous sommes en Louisiane en 1933, à Kentwood, petite ville où les Sanders, riches propriétaires ont tout pouvoir. Doug Watson travaille comme les autres pour eux, pour ces blancs qui les exploitent.
Pascal Bresson, scénariste, décrit la vie de ces noirs « tristement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination » (Martin Luther King) et l’impunité avec laquelle elle peut être détruite. Les lavis de René Follet expriment toute la fragilité de ces destins en mouvement qui ploient sous les coups, s’effacent à la lueur des torches.
Les mots de Pascal Bresson prennent forme grâce au pinceau de René Follet qui excelle à peindre le visage et l’âme de ce garçon prenant conscience de son impuissance à lutter contre un racisme violent et ordinaire dans ce sud profond. Comment survivre et faire face ?
Les poings fermés, Doug va s’opposer au Klan et à sa foudre, il rend les coups, hurle, rêve de justice. A la faveur d’une rencontre, il part et devient boxeur à la Nouvelle-Orléans. Initiation d’un homme qui va devoir apprivoiser sa haine.
La vie est complexe et pleine de surprises, Doug Watson trouvera sa place dans cette société en mutation au retour de la seconde guerre mondiale. Le message est humaniste, la tolérance semble l’emporter avec le temps et faire que « les fruits étranges cessent de se balancer aux branches des peupliers ».
Véro.
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